"Et puis, on fait quoi ?"
"C'est midi ?"
"Et demain ? Et après ?"
Je pense qu'elles figurent au top 10 des questions les plus posées par Solène. Ces questions reflètent, selon moi, quelques éléments caractéristiques de ses troubles.
Elle a beaucoup de difficultés à se situer dans le temps. Cet apprentissage est une étape naturelle dans le développement des enfants mais je crois que Solène doit fournir un effort supplémentaire pour avoir des repères élémentaires, par exemple, savoir si, c'est le matin, l'après-midi ou le soir. Récemment, elle voulait une confirmation de ma part sur l'exactitude d'un petit tableau mental qu'elle me récitait : le petit-déjeuner, c'est le matin, le dîner, c'est à midi et le souper, c'est le soir. Dans un premier temps, nous avons utilisé un journalier magnétique sur lequel on dépose chronologiquement les images représentant les activités prévues. Grâce au semainier, affiché devant elle lorsqu'elle est assise à table, elle sait maintenant se situer à l'échelle de la semaine. Comme si elle y avait réfléchi pendant la nuit, elle est arrivée dans notre chambre, dimanche matin en déclarant : "aujourd'hui, c'est dimanche et demain, c'est lundi !". Encore une petite victoire ! Les saisons, les grandes fêtes, les mois des anniversaires permettent aussi d'associer une image ou un événement marquant à un mot qui n'est à priori, pas significatif.
Vivre avec des repères temporels instables est source de tensions et d'angoisses qui se manifestent, chez Solène, à travers un sommeil très troublé quand elle était plus jeune, moins troublé maintenant, des tas de questions "Quand ... ?" et de l'agitation. Je continue à lui donner le planning, à le détailler quand c'est possible.
Solène a tendance à se précipiter pour agir, jouer, parler. Comme si tout se passait à la vitesse de l'éclair dans sa tête : les mots et les idées s'y bousculent, les gestes sont à peine conçus. Elle vit toujours un peu en avance, dans la minute suivante. Elle en oublie parfois ce qu'elle est en train de réaliser ou ce qu'elle doit faire. Je dois régulièrement lui dire qu'elle n'a pas terminé son "job" quand elle va aux toilettes, parce qu'elle oublie d'éteindre et de fermer la porte en sortant. Chaque "problème" doit être décomposé explicitement, en une séquence de tâches plus simples. Ce dernier paragraphe illustre les troubles dysexécutifs, bien expliqués dans la vidéo du Dr Pouhet.
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