lundi 18 juillet 2011

Farniente ?

Vacances en France pour tous les trois. Solène aime le mini-club et ... nous, peut-être encore plus ! En plus des activités sportives et des jeux, elle nous a même demandé pour participer au spectacle des enfants. Renversant ! Nous étions fébriles au 2e rang, à chuchoter : "ça, ça ne va pas aller, ça, elle ne va pas aimer du tout ...". En petite sirène, elle a dansé, avec les petites filles de son âge. Que d'émotions ! C'est pour le côté pile des vacances.

Côté face, nous avons du recadrer en permanence, calmer, expliquer qu'on ne pose pas mille questions en suivant, ni à des enfants, ni à des adultes, qu'on ne touche pas et qu'on ne donne pas de bisous à des enfants qu'on ne connaît pas ... Réponse de Solène dans les moments chauds : "c'est à cause des papillons". J'ai utilisé cette image pour lui expliquer l'hyperactivité mais je n'imaginais pas qu'elle s'en servirait comme excuse !  

Savez-vous compter les choux ?

Pas facile de dénombrer et pas forcément recommandé en cas de dyspraxie visuo-spaciale ... mais c'est quand-même amusant de jouer aux "choux" (Savez-vous compter les choux, Dagobert), surtout quand l'escargot vient les manger alors qu'on pensait gagner. En une semaine, nous comptabilisons au moins 30 parties !
Nous avons aussi joué à "Oudordodo", c'était même un jeu utilisé en classe, Solène nous l'a dit ! Solène a des difficultés pour formuler et inventer des questions générales mais je suis certaine qu'elle y parviendra tôt ou tard. Je suis super contente, Solène demande des jeux de société. Elle y prend du plaisir et nous aussi. Ca promet beaucoup de beaux moments en famille.

Je viens de terminer le livre de Pascal Deru, "Le jeu vous va si bien" que je recommande vivement, qu'on soit mordu, convaincu ou pas encore par l'intérêt des jeux de société. J'ai été replongée dans mon enfance et mon adolescence, avec le souvenir des parties de Trivial Pursuit, de Whist avec mes parents et grands-parents.

Il y a déjà 2 ans, en lisant un autre livre, celui d'Anne Idoux-Thivet, "Ecouter l'autisme", j'avais, notamment, mieux compris en quoi consistent la stimulation et la communication par le jeu. Je m'en suis inspirée pour essayer de canaliser l'attention et développer du langage de Solène, en adaptant mes choix en fonction de ses goûts et centres d'intérêt. Le jeu n'est pas notre unique base de rapprochement. Dans les moments plus difficiles, c'est plutôt par les livres et les histoires que nous pouvons "récupérer" Solène.

Retrouvailles avec Tulipe, Pistache, Bella, ...

Première semaine de vacances, première semaine de stage. Comme l'an dernier, Solène était inscrite à un stage poney au centre Hippopassion de Fraiture, une superbe infrastructure avec une bonne équipe d'encadrement, des poneys et chevaux impeccables. Les progrès de Solène ont été très remarqués. Elle a même un peu galopé en voltige, waouw ! Nous serons peut-être en contact plus fréquent dès le mois de septembre prochain pour une activité mensuelle familiale.

mercredi 6 juillet 2011

Choisir sans renoncer

Nous avons mûrement réfléchi : Solène entamera le cycle primaire de sa scolarité en classe de langage pour enfants dysphasiques. Nous avons choisi l’enseignement spécialisé, en toute liberté, simplement parce que cette solution nous apparaît comme étant la meilleure, pour le moment. Loin de nous, l’idée de baisser les bras, d’abandonner le combat ou de choisir la facilité, bien au contraire, nous reconnaissons les difficultés (« dysfficultés ») de Solène.

La stimulation précoce était notre credo, nous y avons consacré beaucoup d’énergie et imposé un rythme thérapeutique très (trop ?) soutenu. Solène vient de fêter ses 6 ans, un cap ! Que de progrès réalisés ! Elle manifeste sa volonté d’entrer dans les apprentissages. L’inscrire à l’école primaire, c’est y répondre favorablement, c'est encourager son envie de progresser, tout en veillant à adapter ce qui doit l’être. Solène a conscience de sa différence même si elle ne l’exprime pas encore clairement. Elle sait qu’elle est parfois maladroite, distraite, agitée, qu’elle ne parvient pas toujours à « dire » ou à « faire » ce qu’elle voudrait. Les enfants de son âge se chargent aussi de lui faire remarquer. Il nous paraît important de veiller à ce qu’elle développe une image positive d’elle-même en lui évitant la pression du système scolaire traditionnel qui impose un rythme trop rapide. Pour se construire, elle doit avoir confiance en elle et se sentir valorisée. Il semble que le projet de l’école corresponde, sur ce plan, à nos attentes.

Au niveau des apprentissages de base (lecture, calcul, écriture), nous allons nous approprier les techniques qui fonctionnent (alphas, méthode Ledan) et continuerons, pas à pas, l’apprentissage du clavier pour contourner la dysgraphie. La logopède restera notre alliée pour le soutien scolaire.

Vu sous l’angle positif, l’existence d’un enseignement spécialisé est rassurante, c’est un lieu où la différence est acceptée, comprise et prise en charge. C’est, en quelque sorte, une « chance ».

Sous l’angle habituel, il faut admettre que l’enseignement spécialisé véhicule une image sombre pour la plupart des gens. Voici, d’ailleurs, ce que j’écrivais au mois de février dernier :

Après lecture de l'article n° 248 du site AlterEchos, Aurore D'Haeyer, 2008, intitulé "Faut-il supprimer l'enseignement de type 8 ?", je suis confortée dans le malaise que j'éprouve par rapport au choix qui se pose à nous, parents d'une petite fille de 5 ans et demi, souffrant de multiples troubles d'apprentissage. Solène est suivie et stimulée depuis son plus jeune âge pour "retard de développement" qui semble mener vers un diagnostic multi-dys (tdah, dysphasie, dyspraxie). Solène a un QI préservé. Malgré ce potentiel et ses capacités, Solène est en difficultés dans sa classe de 3e maternelle. Elle ne peut pas travailler de manière autonome : il faut la recentrer (troubles de fonctions exécutives). Solène a déjà un réflexe de repli parce que, selon nous, elle vit mal ses échecs (en graphisme par exemple). Elle a terriblement besoin d'être valorisée, encouragée, etc ...
[…]
L'équilibre et la qualité de vie font partie de nos valeurs. La perspective d'un combat quotidien pour les devoirs, vivre un décrochage nous effrayent au plus haut point ... Alors, l'enseignement spécialisé, le type 8, en particulier constitue-il la meilleure solution ? En théorie, peut-être mais en pratique, je redoute ce qui est mentionné dans l'article et qui n'est d'ailleurs, un secret pour personne : " la présence en type 8 est fortement corrélée au milieu socio-économique des parents. En Wallonie, 88% des enfants inscrits en type 8 proviennent de « milieux ouvriers ou sans emploi », un pourcentage légèrement inférieur à Bruxelles (75%). Par ailleurs, la surreprésentation des élèves de nationalités étrangères est manifeste.". Ma fille est fragile et encore très jeune. Je lis : l’âge moyen d’entrée en type 8 se situe entre neuf et dix ans, la majorité des enfants ayant déjà au moins une année de retard dans leur cursus, ce qui veut dire qu'elle ne sera pas entourée d'enfants de son âge ... D'autres parents qui ont dû franchir la porte de l'enseignement spécialisé pour leur enfant ont ressenti cette aversion, […]. Une perspective angoissante !

Envisager l’enseignement spécialisé dans une société qui valorise les performances, c’est vécu comme une épreuve psychologique (un deuil) qui renforce le sentiment de mise à l’écart. Par défaut, et par dépit, le premier réflexe, c’est le rejet. L’enseignement spécialisé ? Le plus tard possible ou, à la rigueur, via un projet d’intégration.

Il y a cette peur de l’inconnu, la peur des « autres ». On s’attache à la face visible et aux apparences. On s’inquiète des mauvaises influences que l’enfant pourrait subir. Notre tâche éducative, déjà si laborieuse, pourrait se compliquer. Parviendra-t-on à garder le contrôle, à inculquer nos valeurs de base comme la politesse et le respect ?
Et puis, vient l’apaisement … Une classe de langage pour enfants dysphasiques, c’est une classe, comme toutes les classes, avec un tableau noir, des affichettes sur lesquelles figurent les lettres de l’alphabet, des pupitres, une dizaine d’enfants dirigés par une institutrice qui enseigne patiemment sa matière.

Nous sommes confiants.

samedi 2 juillet 2011

C'est reparti ...

Plus d'un an d'interruption ! Sacré trou de mémoire ! Quels ont été les éléments marquants depuis le mois d'avril 2010 (on pensait alors que Solène allait définitivement nous soulager d'une tâche ménagère nécessaire mais pas forcément amusante ;-)) ?

Je me souviens d'abord des vacances en Charente, des belles promenades à vélo dans la pinède longeant l'océan Atlantique, de la rencontre inattendue de Christine et sa famille, de la crise de Solène à cause des hauts-parleurs des sapeurs-pompiers, des échanges pudiques avec la maman d'Adrien, jeune garçon autiste, de Fred, le moniteur dysphasique, du plaisir de lire Le Zèbre, du tir à l'arc. Je me souviens de la neige abondante en décembre et des parcours en traineau dans le village, d'une chute sur le verglas qui aura donné un peu de travail à notre opticien préféré. Je me souviens des premières longueurs de piscine de Solène, de son courage pour monter sur scène pour le spectacle de Noël et de la fancy-fair. Je me souviens de toutes les promenades dans les bois de la Julienne, de notre découverte de la montage St-Pierre à l'automne. Je me souviens aussi des difficultés à l'école, des tests, des bilans, des réunions, des discussions, des rendez-vous, de la fatigue, de nos doutes, de nos découragements. 

C'est important du prendre le temps d'écrire un peu sur toi, Solène, un peu sur nous aussi. Ecrire pour lâcher prise, pour extérioriser, pour partager.