mardi 20 mars 2012

"Il faut profaner le malheur"

J'ai repris en titre, l'extrait d'un article du journal Le Soir, que j'ai aimé, parce qu'il touche à l'essentiel.

Expliquer un accident aussi dramatique à un enfant de 6 ans et demi, dysphasique de surcroît, j'aurais préféré l'éviter, comme n'importe quel parent. Je souhaitais donner un sens à la minute de silence qui avait lieu à l'école, le 16 mars dernier. Je préférais lui expliquer moi-même, être certaine qu'elle comprenne bien, même si les enseignantes ont, elles aussi, sans doute, trouvé des mots simples et justes. Solène a exprimé à plusieurs reprises et à sa façon, sa tristesse mais aussi sa peur de prendre le bus qui devait l'emmener au musée des transports en commun, dans le cadre une excursion scolaire.

lundi 19 mars 2012

Manque du mot (3)

Solène : - Papa, viens jouer au cheval avec moi dans le jardin !
Papa, les yeux rivés sur l'écran de son PC :- pfff, je viens de rentrer, pas maintenant, ...
Solène, en pleurant :- Allez, papa, moi j'aime mieux quand tu es riant.
Papa : - Quand je suis quoi ?
Solène : - Quand tu es riant ..., euh, euh, je veux dire quand tu es de bonne humeur.

mardi 13 mars 2012

Bientôt, je Lis sur iPad

J'ai récemment consacré un article sur les livres-audio de la collection Bientôt Je Lis, interprétés par Marlène Jobert. Je viens de télécharger (gratuitement) l'application iPad du même nom que la collection. Cette découverte tombait à point,  j'avais remarqué que le CD utilisé dans ma voiture était rayé ! L'application se présente visuellement comme une bibliothèque avec sur ses étagères, les livres sélectionnés par l'utilisateur. Je dirais que le passage à la version numérique assure une certaine cohérence dans la démarche. Nous sommes partis d'un livre que Solène retrouve avec joie sur la tablette. Elle demande elle-même pour accéder aux nouveaux jeux interactifs, par exemple : recomposer des mots de l'histoire en déplaçant les lettres du doigt. Quand Solène se lasse des histoires qu'elle connaît parfaitement, il suffit de choisir un nouveau livre, d'introduire le mot de passe et  hop ... l'histoire avec des jeux et une comptine arrivent en quelques secondes, comme par magie.

dimanche 11 mars 2012

Le calcul

Le calcul fait partie des apprentissages de base. Nous n'avons pas investi cette matière aussi tôt, ni avec les moyens que nous avons déployés pour la pré-lecture parce que nos premières priorités étaient axées sur l'amélioration du langage. Une logopède spécialisée en dysphasie nous avait dit que la découverte des sons et le passage à l'écrit pouvait améliorer l'oral. Nous avons tenu compte de ce conseil sans toutefois complètement oublier les chiffres.
Dans la farde de travail de 2ème et 3ème maternelle, il y avait déjà des petits exercices sous forme de jeux, permettant de s'approprier progressivement le sens du nombre. A condition de contourner les difficultés liées au graphisme, Solène répondait correctement. Par contre, nous nous sommes rendus compte que le dénombrement posait un problème, constat classique chez l'enfant qui souffre de dyspraxie visuo-spaciale. En effet, Solène a tendance à compter plusieurs fois ou à oublier des objets d'une collection. Les yeux comme les doigts ne suivent pas le rythme des mots, impossible de coordonner le geste et la parole. Nous l'aidons en organisant le comptage, on biffe sur papier, on sépare ce qui est compté de ce qui ne l'est pas encore.

En début d'année scolaire, Solène a été confrontée aux premières opérations (additions et soustractions) jusqu'à 10. Compter sur les doigts, c'est un défi parce qu'elle les dissocie mal. La méthode des jetons de couleurs a bien fonctionné grâce à un entraînement régulier en classe, avec la logopède et à la maison.

Je perçois qu'il faut gérer le temps de travail en calcul avec finesse, privilégier la qualité à la quantité, encourager énormément et souligner chaque réussite : "tu vois, t'es une championne !". S'amuser avec les chiffres, comme on le fait déjà avec les lettres. Je craignais les premiers calculs au delà de 10. L'institutrice a proposé le boulier et Solène se débrouille comme un chef ! Pour aider à la représentation mentale du passage à la dizaine, notre cuisine, qui prend des airs de salle de classe est décorée d'une belle (?) frise artisanale. Cette frise présente les nombres de 10 à 20, chacun, illustré par un bâton de 10 cubes emboités (dizaine), à côté duquel se trouvent (ou pas) un ou plusieurs cubes isolés (unités). Solène ne peut pas encore mentaliser les opérations simples mais je pense qu'elle est sur la bonne voie. Il faut lui donner du temps.

Il reste à pouvoir écrire les chiffres dans une taille raisonnable et sans erreur (miroir). On passe sur l'ordi quand c'est nécessaire. A travers les calculs inventés (photos) pour nous, élèves d'un soir, on peut facilement  imaginer sa volonté d'apprendre.

Faire semblant

Solène aime les jeux de faire-semblant, les jeux de rôle, ... Toute petite déjà, elle manipulait ses figurines en jargonnant des tas d'histoires incompréhensibles pour nous.

L'an dernier, je me transformais régulièrement en vétérinaire, chargée de soigner tous ses chiens en peluche. J'ai les ai muselés, opérés à tour de bras, j'ai appliqué des bandages aux pattes, j'ai fait de nombreuses piqûres. Je gardais les animaux en observation ou proposais de consulter mon remplaçant (papa). J'avais remarqué que Solène préférait toujours rester dans son rôle de cliente. C'était vrai dans les autres situations : au restaurant, à l'école, au magasin, chez le docteur ... Je voyais une double difficulté : formuler des questions et construire un scenario. Aujourd'hui, la situation a évolué, c'est Solène qui tient le rôle principal !


Ces derniers temps, nous jouons souvent à "Cendrillon". Je suis toujours "la belle-mère méchante" et papa son prince charmant. Solène-Cendrillon se montre très résignée, parfaite dans son rôle de pauvre petite fille exploitée ! Elle est évidemment ravie de se transformer en princesse pour aller au bal et s'applique à soigner son apparence. La dernière fois, j'etais surprise de la voir descendre les escaliers, vêtue d'une robe de princesse, cheveux lâchés et démêlés, toute parfumée et surtout ... maquillée !
J'ai quand-même précisé que je n'aimais pas être systématiquement la méchante : pourquoi pas elle ou même papa, pour une fois ? Elle m'a répondu que "c'était pour du faux" et puis que c'était logique parce que je suis une dame. Logique implacable !