dimanche 25 septembre 2011

Automatiser



Aujourd'hui, sur le dos, le battement de jambes, avec "les ailes du moulin", c'est pas si mal ! Pour en arriver à ce stade, il aura fallu de nombreuses heures de répétition. Travailler simultanément les bras et les jambes, c'est un gros défi. Lorsque le moniteur lui a montré la rotation des bras, la première fois, je savais que Solène ne pouvait même pas réaliser le mouvement hors de l'eau. Au début, elle sortait rapidement une main puis la rentrait dans l'eau, ensuite c'est un bras qui sortait, fléchi et à mi-parcours, il retournait d'où il était sorti. Ni esthétique, ni efficace !

En brasse, Solène peut décomposer le mouvement des jambes et le réaliser à condition d'avoir un soutien verbal qui rappelle séquentiellement ce qu'elle doit faire : plier, écarter, fermer. Sans ce soutien, après deux mouvements correctement exécutés, elle accélère, ondule les jambes (comme en papillon), elle ne sait plus vraiment comment elle doit procéder. Le cerveau n'enregistre pas bien les phases du mouvement et ne passe pas "en mode automatique". Elle doit réfléchir chaque action avant de la produire, ce qui nécessite beaucoup de concentration et engendre une fatigue facilement imaginable.

En natation comme ailleurs, les progrès de Solène sont lents mais elle finit toujours par y arriver. Le moniteur de Solène fait preuve d'une grande patience. Il a compris depuis longtemps le fonctionnement de sa petite élève dont il félicite chaque réussite avec les 2 pouces levés !

vendredi 23 septembre 2011

Première langue

"Pour les dysphasiques, il n'y a pas de langue maternelle. Ils ne parlent qu'une langue et ils l'apprennent comme une seconde langue.
C'est en cela qu'il est difficile de comprendre les dysphasiques de l'intérieur. Comment imaginer ne pas avoir de langue maternelle ? Comment imaginer que l'on ne parle que sa seconde langue ? Nous qui avons une langue maternelle, qui sommes constitués, formés, structurés, par cette langue maternelle, nous ne pouvons pas imaginer ce que c'est d'avoir une langue maternelle qui vous échappe et s'enfuit." extrait du livre "Le petit garçon qui parlait dans les cocktails", P. Blasband, Climax Editions, p 16.

Dans le cartable de Solène, j'ai découvert, il y a quelques jours, ce cahier illustré par des autocollants que l'enfant doit replacer. Rien d'extraordinaire, ce n'est qu'un simple cahier de vocabulaire. Le graphisme m'a pourtant rappelé un grand livre de mon enfance, muni d'une couverture cartonnée jaune : mes mille premiers mots en anglais. J'ai évidemment fait le parallèle et à nouveau mesuré l'effort que doit fournir Solène pour apprendre sa langue maternelle. Bien que son vocabulaire ne soit pas un point faible, il est nécessaire de l'étoffer constamment, pour qu'elle puisse s'exprimer plus facilement, en utilisant un mot à la place de celui qui s'échappe et s'enfuit. L'école s'en charge et nous aussi, par l'intermédiaire des livres pour enfants, bien-sûr, mais aussi dans la conversation courante, où il n'est pas rare que nous nous arrêtions sur un mot pour bien expliquer sa signification. J'étais ravie d'entendre la logopède de l'école nous dire, lors de la première réunion de parents que Solène avait un vocabulaire choisi. Au lieu de dire "ma prof" ou "ma madame", Solène lui parlait de "son institutrice".

jeudi 15 septembre 2011

Ecrire ? Oui, sur l'ordi !

Les productions graphiques de Solène sont faibles et très limitées. Depuis toujours, elle s'est désintéressée des crayons, feutres, pinceaux et autres marqueurs. Elle colorie de manière superficielle, jamais plus de 2 ou 3 minutes. Solène parvient à "dessiner" vaguement son prénom sur une page A4 en mode paysage, en mixant de grandes lettres imprimées et script : S ressemble à une barre oblique, le o est plus ou moins rond, une barre droite pour le l, chaque E est écrit en râteau avec parfois 4 dents, un N avec la barre oblique orientée dans le mauvais sens ... Les doigts, le poignet, le buste sont crispés. La main droite n'est pas toujours posée, la main gauche semble inutile. Quel inconfort, d'autant plus que les activités graphiques nécessitent beaucoup d'attention. Solène vit mal ses échecs répétés. Je n'ai jamais trouvé le moyen d'inverser la tendance. J'ai souvent été confrontée à un refus catégorique même si de temps en temps, nous avons peint ensemble quelques tableaux, colorié les alphas, ...

Comme l'affirme M. Mazeau, l'écriture est un obstacle qui survient tôt, dès la maternelle. Il est rencontré par tous les dyspraxiques : il n'y a pas de dyspraxie sans dysgraphie*. Sans pour autant abandonner les exercices d'écriture (je soutiens sa main pour le moment), elle recommande d'éviter un entraînement intensif qui fatigue l'enfant excessivement et ne permet pas d'atteindre le niveau requis en fonction de l'âge. Il faut rapidement se tourner vers les TICE (technologies de l'information et de la communication pour l'enseignement). L'apprentissage du clavier est une priorité dès 5 ou 6 ans. Pour que l'enfant devienne efficace, il faut même masquer les lettres du clavier avec des gommettes de couleur.

Mes lectures, contacts et groupes de discussions m'ont appris que l'enfant dyspraxique a besoin de supports adaptés pour ses travaux en classe et à la maison : feuilles à agrandir, colorier, surligner, numériser ... J'ai découvert très récemment un exerciseur (JClic) qui permet de créer des petites application de type puzzle, associations, textes à compléter, mots barrés, mots croisés, etc. Ce programme libre (gratuit) est intéressant parce qu'il offre à la fois une plateforme d'exécution (JCLic player) et de conception (JClic author) permettant de choisir les activités, d'en personnaliser le contenu et de les organiser par projet. J'ai par exemple utilisé les photos des membres de la famille pour travailler les classements. J'ai créé une association entre les alphas et des images clipart pour la reconnaissance des sons. Les devoirs qui me paraîssent visuellement complexes (ex. situer le nombre "3" sur une flèche orientée à gauche ou à droite, graduée, comprenant un seul repère numérique) pourront être simplifiés par ce biais.

Je suis motivée pour deux raisons. Je vois que Solène prend goût à mes petits jeux, récompenses après un exercice de frappe au clavier (non masqué pour le moment). Je constate qu'elle maîtrise bien la souris. Nous essayons parfois des petits concours de vitesse, les exercices sont chronométrés. L'autre raison, c'est que je m'amuse beaucoup à chercher de nouvelles idées et à les concrétiser dans le logiciel.

(*) L'enfant dyspraxique et les apprentissages, M. Mazeau, C. Le Lostec, p45

dimanche 4 septembre 2011

Hand in cap



A l'ouverture du blog, j'ai écrit que le mot handicap était affreux, il sonne mal, on ne veut pas l'entendre. J'éprouve toujours un peu d'émotion en le prononçant.

Aujourd'hui, je suis réconciliée avec lui, en apprenant son éthymologie, objet du dernier article sur le très chouette site autismeinfantile de Nathalie Hamidi.

Cette histoire de chevaux adoucit nettement l'expression anglophone ! Passion, quand tu nous tiens !

C'est la rentrée

J'avais l'intention d'attendre quelques jours avant de poster un petit message sur la rentrée de Solène mais j'ai changé d'avis. J'ai, en réalité bien peu de choses à raconter, preuve que cette étape importante - changement de cycle et changement d'école - a été franchie sans problème !

La veille de cette rentrée scolaire, durant toute la promenade, elle nous a mitraillés de questions (en respectant sa formulation) :

C'est quoi on va faire ?
J'aurai beaucoup de devoirs ?
A la récréation, on fait quoi ?
J'aurai plein de copains ?
On mange où ?
C'est qui va me chercher ?

Inlassablement, nous y répondons en corrigeant, au passage, les fautes de français. Après plusieurs itérations, même si nous y sommes habitués, nous finissons par lui retourer les questions dont elle connaît parfaitement les réponses !

Le 1er septembre, dès notre arrivée à l'école, elle se réjouissait du départ des parents, invités à prendre un petit déjeuner. Ni trop démonstrative envers les autres, ni accrochée à moi, elle attendait que la directrice procède à l'appel des enfants. Huit enfants en première classe, dont 4 nouveaux, c'est idéal pour travailler, différencier, aider. Deux institutrices se partagent la semaine. Solène s'est montrée participative, agréable et enjouée mais aussi frustrée par ses échecs en graphisme, ce que nous allons gérer dès maintenant en proposant d'autres solutions.