Méchants, les enfants ?

Les enfants sont méchants entre eux, c'est bien connu. Les remarques blessantes visant Solène, nous en avons entendu souvent. Il est vrai que son regard, ses questions, ses gestes sont surprenants. Lors des entraînements d'athlétisme, sport dans lequel elle débute, nous avions déjà capté des réflexions du type "t'as vu comment elle court ?!". Effectivement, Solène court de manière "disloquée", sans contrôle total du mouvement des membres, surtout lors des sprints. Alors, pour l'aider, nous courons dans le jardin (une course relais !) pour lui montrer l'exemple, pour expliquer que les jambes et les bras restent dans l'axe du corps, que la tête ne doit pas plonger, ... Nous répétons les courses variées : genoux levés, tape-fesses, course latérale, course croisée, ... Ces exercices supplémentaires* qu'elle accepte volontiers permettent des progrès plus rapides. Nous voyons déjà une évolution par rapport aux premières séances et nous ne sommes pas les seuls à faire ce constat : "tu sais maman, le garçon blond dans mon groupe, avec le T-shirt gris et orange, il m'a dit que j'ai bien couru, que mes jambes ne partent plus dans tous les sens". C'est beau et ça mérite d'être écrit !


(*) Elle y a droit aussi en sport ;-)

C'est la guerre ?

Solène m'a posé une question embarrassante la semaine dernière, lors d'un trajet vers l'école. Je la croyais somnolente à l'arrière alors qu'elle écoutait attentivement le journal à la radio. Elle venait d'entendre le reportage concernant la décision du gouvernement belge d'envoyer des F16 pour combattre l'EI.
"Maman, il va y avoir la guerre ?" me demande-t-elle.
"Euh ...". J'hésite quelques instants et cherche à formuler une réponse à la fois honnête et plus ou moins rassurante. Je lui ai parlé du pilonnage de cibles militaires, de destruction de dépôts d'armes, loin d'ici.
"Oui mais, on va tuer des gens ?" ajoute-t-elle. 
"(re) Euh ... le moins possible, je l'espère ...", dis-je.

Ses réflexions m'interpellent. Que représente la guerre pour un enfant de cet âge-là ? En tant qu'adulte, notre conception est-elle bien claire ?
Sans doute, revoit-elle les mannequins exposés au musée Royal de l'Armée que nous avions visité à Pâques. C'est un sujet de discussion qui met mal à l'aise, osons l'avouer.

Anecdotes du week-end

Comme tous les jours, nous implorons (tous les synonymes sont valables ...) Solène d'aller plus vite, de se dépêcher, ... Samedi matin, alors qu'elle se préparait pour l'entraînement d'athlétisme, elle nous a rétorqué : "oui mais tu sais, la vitesse tue !". *mdr*
On lui a expliqué que la phrase était sortie de son contexte.
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Nous avons profité d'une belle promenade de fin d'été dans les bois. Solène était très active, elle courait, ramassait tout ce qu'elle pouvait trouver en chemin, des glands notamment.
Moi : "De quel arbre proviennent les glands ?"
Solène : "Ben, du glandonnier !"

La leçon verte

"Chenille rapide", c'est une association antinomique, surprenante, à l'image de celle qui a choisi ce nom de baptême (totem) pendant le stage des Explorateurs de la Citadelle. J'ai une folle envie d'écrire quelques mots au sujet de la lenteur exaspérante de Solène dans les gestes de la vie quotidienne mais pour, reprendre son expression favorite "c'est les vacances, on est cool ..." alors, j'en profite pour partager une belle découverte.

L'histoire commence au mois de mai lorsque je prépare le planning des activités de l'été. En cherchant un stage "nature" dans la région, Google affiche en bonne position La Leçon Verte, une ASBL qui organise des stages et animations sur ce thème. Le nom me plaît beaucoup ! J'échange quelques mails avec la responsable dans le but de l'informer de la différence de Solène. La tâche est délicate : comment décrire succinctement, par écrit, un handicap sans inquiéter l'accueillant ? À travers les messages, je perçois déjà une belle ouverture d'esprit et un programme d'activités bien préparé.

Le stage s'est déroulé début août. Solène était réjouie chaque matin et enchantée en fin d'après-midi, impatiente de me raconter et me montrer ce qu'elle avait fait. Elle a vécu de belles expériences au sein d'un petit groupe d'enfants, fière d'avoir (presque) capturé une araignée (une croix blanche ?), d'avoir utilisé des aspirateurs artisanaux pour observer puis relâcher des insectes, fière de ses bricolages, un fait rare qui mérite d'être mentionné. Les jeux et les défis se sont enchaînés ... J'avais presque envie de participer au stage, moi aussi ! J'ai adoré voir Solène aussi épanouie dans un milieu un peu moins "protégé" que d'habitude et la cerise sur le gâteau, c'est l'approche pédagogique sur un mode "vacances" de Laurence Havard(*) et son équipe ... J'ai par exemple pu vérifier que Solène était capable d'utiliser la clé d'identification des feuilles des arbres des forêts wallonnes, elle sait que les araignées ont 8 pattes (nous avons fait de très gros plans de l'argiope frelon trouvée dans les rocailles du jardin), elle reconnait un gendarme (punaise) ...

Vivement le prochain stage ! Je souhaite vraiment que La leçon verte puisse être une découverte pour d'autres, parents ou enseignants, désireux d'inculquer le respect de la nature et du vivant aux plus jeunes.

(*) Laurence Havard est l'auteur d'un livre dont le titre ne peut que nous interpeller : "Agir pour la planète - Un défi pour l'homme", d'autant plus en ce jour de dépassement (Overshoot Day).

Tour en France

Les premiers tours de roues hésitants dans les chemins de remembrement de notre village ont cédé la place à ... du 18 km/h sur les rives de la Loire ! C'est un signal, il est temps de s'entraîner si nous voulons la suivre dans le futur.

Solène était prête à muscler ses mollets pour découvrir l'Anjou. Endurante physiquement et mentalement, nous pouvons lui proposer de longues promenades, avec, à la clé une visite ou une activité amusante. Notre dernière sortie (52 km !) nous a menés au château de Montreuil-Bellay, un village situé sur les rives du Thouet, aux alentours de Saumur.

Au cours de cette visite, nous avons constaté l'intérêt de Solène pour les explications de la guide. Elle essaye de se glisser au premier rang pour ne rien perdre des explications et répondre aux éventuelles questions. Nous étions les témoins privilégiés de l'attitude très positive adoptée à l'école. Elle retient la majorité des explications et nous lui donnons parfois l'une ou l'autre précision. Solène a déclaré en fin de séjour "Ma joie se transforme en tristesse parce que ces vacances sont terminées". Elle reprenait la formule prononcée par la guide au moment de conclure la visite.

Éphémère

Brin d'herbe déposé par Solène sur le bébé musaraigne, en souvenir d'une vie très courte.

"Tu crois que sa maman sait qu'elle a disparu ?"

Dictées

Les étapes se succèdent dans les apprentissages ... Solène apprend progressivement l'orthographe d'usage et découvre les difficultés de la langue écrite. Tout au long de l'année, nous avons préparé les dictées consciencieusement, de manière presque rituelle : copie des mots sur notre tableau blanc, mise en évidence des particularités, lecture des mots, dictées avec aide et commentaires. Il faut avouer que c'est un exercice fastidieux et nous avons essayé de l'égayer, histoire de s'amuser un peu.

La Magie des mots sur l'ipad remporte toujours beaucoup de succès. Cette application (dont j'ai déjà parlé) est paramétrable et permet d'encoder des listes de mots. L'audition immédiate du mot en cours de composition permet à l'enfant de repérer une éventuelle inversion ou l'oubli d'une lettre, par exemple. Le renforcement positif joue bien sûr un rôle important dans le processus d'apprentissage : l'apparition des petits papillons et autres étoiles colorées lorsque le mot est bien orthographié font plaisir à Solène. L'inconvénient de cet outil, c'est le temps passé pour rechercher et positionner les lettres sur le canevas. 

À d'autres moments, au gré de notre inspiration, nous avons utilisé les mots de la dictée pour construire des rimes et parfois même des petits textes, drôles et insensés. Voici une création familiale pour assimiler le son eil/eille !

Go So !

Solène vient d'accomplir sa première course officielle : 2,2 kilomètres bouclés en 12 minutes ! C'est une belle performance sportive, doublée d'une expérience émotionnelle parfaitement gérée. Solène ne connaissait ni le parcours, ni d'autres participants. Elle a réussi à surmonter sa peur du coup de pistolet au départ. Dans l'attente (frénétique) de son passage devant mon école, j'ai eu le temps de me demander si je n'étais pas une mère inconsciente ... Quand elle est passée devant moi, relâchée et concentrée, waouh, quelle fierté ! Il ne me restait plus qu'à la retrouver sur la ligne d'arrivée pour la féliciter chaudement.
Ses propos après la course : "Non, non, ce n'était pas dur. C'était chouette, j'ai un peu visité la ville, comme ça !"

Yes, ça y est !

Grande victoire ce 21 avril 2014 que nous dédions à celles et ceux qui ont participé aux progrès sportifs de Solène, avec un clin d’œil pour Madame Isabelle !

TOCS

Je me souviens du film "As good as it gets" sorti en 1997 avec Jack Nicholoson, perclus de troubles obsessionnels compulsifs, les fameux TOCS. C'est presque inimaginable d'avoir autant de rituels et de gestes répétitifs, envahissants au quotidien. Je me demandais à l'époque si mes petites habitudes (mes superstitions ?) d'avant match ou avant un examen avaient la même origine que ces TOCS !

Si je parle de TOCS, c'est que le terme a ressurgi récemment. J'ai mentionné ses craquements de doigts lors de la dernière visite médicale. Solène tire sur les doigts d'une main ou les fléchit de manière inconsciente. Il suffit de regarder attentivement la photo de l'article précédent. On voit très bien l'index gauche pressé par le pouce.

Est-ce le craquement ou la combinaison de la sensation associée au bruit qui lui procure du plaisir ? Profite-t-elle de son hyper laxité ligamentaire ? Elle arrête son geste sur demande, ce qui nous rassure déjà. L'idéal serait de reporter ce geste ailleurs, sur une balle à malaxer, peut-être ?
Solène a d'autres TOCS, certains nous échappent, comme le clignement d'un œil, d'autres sont moins flagrants (petite grimace de la bouche) ou disparaissent comme le craquement de mâchoires, un épisode douloureux. Nous essayons d'être attentifs à son état de stress et oscillons, comme toujours, entre douceur et fermeté.      

Premières commissions

Il paraît que j'ai surpris Yvan, en proposant à Solène d'aller acheter la baguette. Suis-je une mère "trop" protectrice ?  :-)
Je pense qu'il faut lui faire confiance quand les conditions sont réunies. Solène était fière de recevoir cette première mission.

Nous nous sommes transformés en "parents-espions", guettant son retour, armés de l'appareil photo !

Cuisine 1.0

Le mur de ma cuisine change de version, la déco 1.0 n'est plus supportée ! Les affichettes coloriées illustrant les sons complexes représentés par les alphas ne sont plus utiles, ni d'ailleurs, la frise des nombres compris entre 10 et 20.
Je rêve d'une déco sobre (zen ?) mais dans l'immédiat, il y a d'autres priorités ! La cuisine reste l'endroit privilégié des apprentissages de Solène. Sur le mur qui fait face à sa chaise apparaissent maintenant les tables de multiplication et bientôt d'autres repères indispensables.

Cuisine 1.0

Extraterrestre

Je n'invente rien ;-)
Voici le dessin rapporté de l'école cette semaine. Solène précise qu'il ne s'agit pas d'un auto-portrait !

D'une autre planète

"Tu sais, j'ai dit à Madame de Gym que je viens de la planète Mars".

Solène s'échappe sur sa planète pour souffler, quand elle a fourni beaucoup d'efforts de concentration. Elle s'invente des histoires, bien souvent farfelues à nos yeux. Je me rends compte aujourd'hui qu'elle a besoin de cet espace de liberté pour recharger ses batteries. Pourtant, j'admets difficilement cette attitude de retrait qui marque sa différence. J'aimerais tant qu'elle puisse s'intégrer dans un groupe d'enfants de son âge mais elle n'y parvient pas. Ce n'est pas faute d'avoir essayé. J'ai livré ma dernière bataille ce week-end, sans succès : Solène refuse de poursuivre les réunions chez les Baladins (mouvement de jeunesse). En présence d'adultes, elle se sent bien, sécurisée. Avec ses pairs, elle n'est pas capable de construire une relation de jeu tant les obstacles sont nombreux : maladresse, lenteur, problèmes d'attention, d'élocution ... Comment l'aider à progresser dans ce domaine ?