vendredi 20 décembre 2013

Jérôme

Après avoir vu le cube de verre de Viva For Life, l'opération caritative menée par la RTBF, Solène me demande
- Dis, maman, Jérôme, c'est là qu'il travaille ?
 Je comprends tout de suite qu'elle parle de Jérôme de Warzée l'humoriste qui nous met de bonne humeur chaque matin avec son "cactus dans le waterzooie". Elle a si souvent l'air d'être "ailleurs" mais son cerveau enregistre pas mal de choses, à notre grand étonnement.

Théâtre de marionnettes

Le théâtre de marionnettes fait partie du folklore liégeois et pourtant je n'ai jamais eu l'idée (l'envie ?) d'y emmener Solène. Les traditions se perdent, je ne suis même pas capable de lui raconter la légende de Tchantchès !
Solène avait assisté à un spectacle de marionnettes alors qu'elle était en classe maternelle. Fragile sur le plan émotionnel, elle se bouchait encore les oreilles dès que le bruit devenait gênant mais il me semblait qu'elle avait apprécié l'histoire et la dynamique des marionnettes sur scène.



L'occasion s'est à nouveau présentée cette année, dans le cadre d'une sortie de classe récréative. Solène m'a raconté, pendant 20 minutes, sans raccourci, l'histoire de "l'enlèvement de la fille du roi par un voleur, le tout se terminant par l'arrivée du Père Noël" ... J'avoue ne pas avoir tout suivi par manque de concentration ;-) mais j'ai trouvé exceptionnel qu'elle ne se décourage pas dans cette longue narration, où se mélangeaient discours direct et indirect.
Solène se fait comprendre malgré les fautes de grammaire(*), les mots mal prononcés, la vitesse d'élocution élevée, quelques répétitions. Nous essayons d'améliorer cet aspect du langage, notamment à partir des poésies proposées par son institutrice. Solène les mémorise facilement, ce qui nous donne l'occasion de travailler l'articulation, l'enchainement des mots et des vers ainsi que l'intonation. A la fin du repas, nous jouons à l'élection du meilleur poète - nous connaissons aussi les poésies par cœur - et tout le monde se prête au jeu, de bonne grâce, dans l'intérêt de Solène !

(*) Nous luttons patiemment depuis des mois contre l'utilisation généralisée du pronom personnel "il" :  "Mamy, il ...", "Madame, il ..." alors que Solène n'a aucun problème avec le genre des noms. Nous avons gagné tant d'autres combats, la victoire ne doit pas être lointaine ?!

mercredi 11 décembre 2013

J'aime lire

L'article rédigé à la mi-août relatait les difficultés de Solène en lecture. Comment l'y entraîner régulièrement tout en gardant du plaisir ? C'était le défi ...

Force est de constater les énormes progrès, 4 mois plus tard. Solène lit de mieux en mieux. Elle déchiffre et reconnait plus rapidement les mots, ce qui facilite l'accès au sens des phrases. Solène inverse encore des lettres, bute sur des syllabes simples, hésite parfois sur les "b" et les "d" mais c'est loin d'être un calvaire. Elle essaye de lire les étiquettes, les enseignes, des planches de BD, tout ce qui lui passe sous les yeux : un signe très positif. Il y a des jours où on ne l'arrête plus ! Hier, nous lisions, à 2 voix, un texte du magazine "Mes premiers J'aime Lire" et à chaque page, elle réclamait la suite ! Belle récompense.   

Le petit soldat de plomb

Diversifier. Au hasard d'une recherche, je découvre cette curieuse affiche pour une pièce de théâtre destinée aux enfants. Les avis sont positifs. Je fonce. C'est sympa une petite sortie le dimanche après-midi, c'est l'occasion de se détacher de nos écrans.
L'adaptation du conte d'Andersen par la Compagnie des Arts et Couleurs est très originale. Nous étions dans la "cuisine", très proches des acteurs. Solène vit l'histoire, elle rit sans retenue, sursaute exagérément lorsque le four crépite. Elle me demande sans arrêt si "c'est un vrai four, un vrai poisson, un vrai rat, un vrai troll, ...". L'illusion est parfaite avec des moyens techniques très simples, auxquels nous ne sommes plus habitués. Solène découvre les "effets spéciaux" : le ventilateur sous la table qui simule la tempête en mer, les fumigènes, ... Seuls les sablés offerts à la fin de la représentation étaient plus vrais que nature ! 

dimanche 24 novembre 2013

Barbe-à-papa

J'écris ce petit article pour évoquer un progrès auquel nous n'aurions pas cru il y a quelques années d'ici. La foire d'octobre à Liège est un événement presque incontournable ... Tous les enfants rêvent de carrousels, de pêche aux canards, de la grande roue ... et tous les parents savent qu'ils les y emmèneront un jour ou l'autre. La musique et le bruit des attractions constituaient l'obstacle majeur et nous reportions ce projet d'année en année. Ce n'était pas bien grave si nous n'y allions pas, nous pouvions malgré tout nous régaler des lacquemants à la maison !     

Cette année, nous la sentions prête à gérer les stimulations sonores. Solène s'est réjouie de cette sortie en famille et je pense qu'était contente de découvrir le champ de foire. Elle voulait manger une barbe-à-papa. Cette sucrerie attirante au regard s'est avérée décevante. Solène a déclaré qu'elle avait l'impression de manger des poils !     
 

14e

Quatorzième sur 83 participantes, c'est le classement obtenu par Solène lors du cross "courir pour la forme" organisé pour les élèves des écoles libres de l'entité. Le cross a eu lieu à la mi-octobre, dans les bois, sur un parcours de 1500m. Solène m'a expliqué qu'elle était tombée une fois et qu'elle avait même un peu marché. C'est une belle performance et bien-sûr, elle en a été félicitée. Son diplôme est d'ailleurs affiché dans la cuisine. 
Vous imaginez que nous n'en sommes pas restés là ... "Dis, Solène, si tu es arrivée en quatorzième position, combien de filles ont franchi la ligne d'arrivée avant toi ?" J'ai dessiné sur le tableau blanc les concurrentes qui se trouvaient devant et derrière (pas toutes, quand-même ;-)) pour travailler la représentation du nombre, toujours en voie d'acquisition ...

samedi 2 novembre 2013

Syndrome dys-exécutif

Cette rentrée scolaire était placée sous le signe d'une grande réjouissance. Solène était fière de franchir le seuil de la deuxième classe, celle de Madame S. La première réunion de parents confirme l'image positive que nous avions de l'institutrice. Les enfants de la classe sont tous différents même s'ils ont en commun la dysphasie. Madame apprend à connaître leurs forces et faiblesses au fil du temps. Je lutte contre l'irrépressible envie de communiquer le "mode de fonctionnement" de Solène.

Cet été, la lecture du dernier livre du Dr Michèle Mazeau sur le syndrome dys-exécutif a été une révélation, non seulement parce que j'ai reconnu Solène dans toutes les descriptions mais aussi parce que l'auteur apporte un éclaircissement sur le diagnostic différentiel qui peut prendre du temps, tant les nuances sont importantes. J'ai noté, par exemple, la différence entre "stéréotypies" et "persévérations". J'ai surtout compris le rôle et l'importance des fonctions exécutives sur le fonctionnement global de l'être humain. La deuxième partie du livre est consacrée à l'adaptation d'énoncés dans différentes matières abordées en début du secondaire.


Sur base de ces deux dernières années, je m'interroge néanmoins : faut-il nécessairement appliquer toutes les recommandations, compenser systématiquement, devancer les difficultés ? Le point de vue de l'enseignante, basé sur son expérience va dans une autre direction. Sans nier les difficultés, elle place la barre "haut" et la redescend si nécessaire. J'adhère entièrement à cette idée de mener (tirer ?) l'enfant au maximum de son potentiel. En tant que mère attentive et inquiète, j'ai parfois peur du découragement de Solène, peur des paliers "infranchissables", peur que les bases ne soient jamais acquises ...

Que de doutes, encore et toujours ...

L'indienne

Le retour à l'école est synonyme de travail, beaucoup de travail ! Ceci explique ce long silence sur le blog.
Je tenais à mentionner les derniers souvenirs de ce bel été, et en particulier, la détermination de Solène pour manier l'arc à flèches artisanal que je lui avais fabriqué. L'idée était née en revenant de l'école, mes propres souvenirs d'enfance remontant, une fois encore, à la surface. J'avais été optimiste, oubliant les difficultés spatiales de Solène. Elle tenait l'arc à l'envers et éprouvait toutes les difficultés du monde à placer l'encoche de la "flèche" sur l'élastique. Après une bonne heure d'essais et erreurs, seule dans le jardin, sans se décourager, elle est parvenue à propulser ses projectiles à quelques mètres. Waouw, même si cette victoire est insignifiante ! J'ai aussi adoré l'imagination dont elle a fait preuve pour entrer dans la peau d'une indienne : une brindille du sophora, en guise de plume.

lundi 19 août 2013

L'important, c'est de bien s'amuser !

"Tu sais, l'important, c'est de bien s'amuser, pas de gagner. Dans la vie, on ne doit pas tout le temps être le plus fort."
Voilà comment Solène prend la vie du bon côté ! A la fin d'une journée de stage d'équitation, son équipe n'avait pas gagné les courses relais (à cheval ?), elle relativise ses maladresses : "c'est pas grave ..., je suis dyspraxique, c'est normal !".

Epi au pas, Solène à genoux.
 

vendredi 16 août 2013

T'inquiète pas, Madame !

Depuis le début des vacances, j'essaye d'attiser l'intérêt de Solène pour la lecture en proposant des petits textes amusants, et adaptés à son niveau : Thérèse Miaou, Ratus, les Alphas, Martine. J'étais convaincue du bienfait des petits entraînements réguliers. Je croyais endiguer les problèmes de balayage visuel, je me disais qu'avec un peu de méthode et d'attention, elle parviendrait à "scanner" les mots dans le bon sens. Rien n'y fait ... Le mot "bio" sur le pot de pâte à tartiner est prononcé "doi"... Elle syllabe à l'envers. Autre exemple, le mot ami, premier mot de la méthode de la planète des Alphas, est lu "ma...". Elle identifie les lettres mais les associations sont aléatoires.

Je suis tombée dans le piège du "toujours plus qui ne marche pas". Solène fournit beaucoup d'efforts pour un pauvre résultat qui engendre de la frustration. Elle rechigne et s'oppose un peu, attitudes que je voulais éviter. Je l'ai interrogée pour savoir ce qui était difficile. Elle m'a répondu : "mes yeux vont dans tous les sens, quand tu me demandes de regarder, je ne vois pas" ... Elle met des mots sur ses problèmes de saccades oculaires. Ce rappel à l'ordre m'oblige à repenser l'aide que je souhaite lui apporter en lecture. Je dois me pencher sur les outils et adaptations proposées aux enfants dyslexiques et dyspraxiques. Dans un premier temps, nous allons utiliser un cache mobile. Je vais aussi revoir les supports. Augmenter la taille des caractères ne suffit pas, je dois aussi veiller à espacer les lettres qui composent les mots d'une phrase.    

Alors, quand son institutrice lui demande "Alors Solène, tu as oublié comment on lit ?" et qu'elle lui répond "Mais non, t'inquiète pas, Madame", je ris ... jaune !

jeudi 1 août 2013

Organisation spatiale

Les vacances d'été ne sont pas synonymes de repos total pour Solène ... Comme les années précédentes, on poursuit notre chemin des apprentissages, pas à pas. Le travail est léger mais régulier. Parmi tous les domaines d'apprentissage qui nécessitent du soutien, il y a l'organisation spatiale.

J'ai ressorti la boite Castle Logix (Smart games), un jeu de construction de châteaux au moyen de 3 ou 4 blocs et de 3 tours. Les 20 premiers modèles sont très simples. Solène est efficace et fière de me montrer qu'elle applique les conseils reçus en logopédie. Elle sait qu'elle doit absolument commencer par la base, ce qui n'était pas évident au départ ... Je constate, au fil des jours qu'elle respecte l'alignement. En arrivant au niveau expert, les châteaux deviennent plus insolites, soit parce qu'ils sont penchés comme la tour de Pise, soit parce que l'équilibre de la base dépend d'une tour qui n'est plus uniquement décorative mais qui a un rôle plus fonctionnel. Solène, à ce stade n'est plus autonome, elle expérimente des assemblages mais elle ne voit pas la solution quand elle est face à un problème d'équilibre, par exemple. Elle reproduit ce qu'elle voit. J'essaye de l'aider à développer une logique, en expliquant les conséquences de ses choix.

Trottinette


A défaut de rouler à vélo sans les stabilisateurs, Solène perfectionne son équilibre sur la trottinette. Nous partons, de temps en temps pour de petites promenades sur le Ravel ou le long de la Meuse, avec toutefois une préférence pour les dalles en béton du Ravel qui nous occasionnent moins de vibrations. Jusqu'il y a peu, la semelle gauche faisait office de frein dans les petites pentes. En prenant exemple sur sa cousine Emma, Solène est parvenue à mieux contrôler sa vitesse en appuyant le pied gauche sur le frein situé au-dessus de la roue arrière. Encore une petite victoire !  

mardi 23 juillet 2013

En toute transparence ...

Je me réjouis de l'ouverture d'esprit manifestée par l'organisateur du stage de cuisine. A ma demande, le chef Jean a expliqué, en quelques mots, les particularités de Solène aux autres enfants, pour éviter les moqueries ou les réflexions blessantes. Impossible de ne pas remarquer que Solène n'est pas habile avec un éplucheur et encore moins avec un couteau ! J'en avais parlé à la principale intéressée avant le début du stage, sachant qu'elle est consciente de ses difficultés. Solène sait qu'elle va en classe de langage parce qu'elle est dysphasique, elle sait aussi que sa "maladresse" s'appelle dyspraxie. C'est important d'en parler ouvertement et sans tabou, quand l'occasion s'y prête. Récemment, alors que nous étions en route pour rendre visite à une amie qui venait d'accoucher, Solène me demande si la petite J. est un "bébé dysphasique". Solène cherche des réponses pour elle-même  : "suis-je née dysphasique ?". C'est le début d'un questionnement essentiel qui nécessite des réponses simples et claires à ce stade. C'est à partir de son histoire qu'elle pourra se construire et apprendre à bien se connaître. 


dimanche 21 juillet 2013

Le roi, la reine et les petits princes ...

Petit dialogue le jour de l'annonce de l'abdication du roi Albert II :
Moi : - Sais-tu ce que veut dire "abdiquer" ?
Solène : - Non.
Moi : - Le roi Albert souhaite se reposer. Il va donner sa couronne et ses pouvoirs à son fils, le prince Philippe.
Solène :  - Ses pouvoirs magiques ?
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Lors de la prestation de serment du nouveau roi, retransmise en direct à la télévision, Solène voit les 4 jeunes princes assis au premier rang et me dit : "c'est comme dans les contes", évoquant le traditionnel "ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants" !

jeudi 27 juin 2013

Dessert payant

En lisant le mot "Gratis" sur le pot de beurre, Solène m'a donné l'idée d'écrire un petit mot au sujet du dessert après le dîner. Il y a quelques mois, j'ai décidé que le dessert serait "payant" avec une devinette piochée dans le carnet des incollables. De cette plaisanterie est née une nouvelle habitude. Au fil du temps, nous avons varié les plaisirs, en proposant de la lecture. D'une phrase, nous sommes passés à un petit texte adapté à son niveau (Léo et Léa, Ratus ou texte maison). J'accorde toujours beaucoup d'importance à la lisibilité du support : lettres suffisamment grandes et espacées. Ensuite, les calculs ont été introduits (discrètement ?) pour apprendre à mentaliser les opérations simples. Nous lançons chacun 2 dés et comptons sur Solène pour calculer chaque résultat le plus vite possible, sans erreur, c'est évident. Je comptabilise les résultats après 10 parties pour déterminer le gagnant. A cette occasion, Solène a compris que c'était un jeu de hasard. Récemment, je lui ai proposé d'écrire quelques mots sur un thème (par ex. 4 noms d'animaux) dans un cahier d'écriture pour entretenir le geste. Je tenterai d'être inventive au cours des prochaines semaines pour maintenir son intérêt. Précisons aussi que, de temps en temps, il y a un geste commercial "2 pour le prix d'un" ou une action "dessert gratis" !

vendredi 14 juin 2013

Que va-t-on manger ?

"Que va-t-on manger ce soir ? " Question récurrente, un peu agaçante qui concerne tous les parents, un jour ou l'autre. Chez nous, cette question prend des proportions insoupçonnées. À peine éveillée, on dirait que le cerveau de Solène se connecte à l'estomac ! Elle se remémore le menu du jour et s'en réjouit systématiquement mais elle en parle en boucle, à toute personne prête à l'écouter. La composition du repas est devenue une idée fixe qui refait surface à plusieurs reprises au cours d'une même journée. Sans se fâcher, nous l'aidons à refouler cette pensée particulièrement envahissante sur laquelle Solène n'a pas, ou en tout cas, très peu de contrôle.

C'est particulièrement pénible d'entendre "ce soir, on mange ... Et demain, qu'as-tu prévu ? " avant 8h, le samedi matin alors que je n'ai pas encore un oeil ouvert. Au lieu de réprimer une réaction négative, j'attrape ma tablette, démarre "La Magie des Mots" (éd. L'ecapadou) et demande d'écrire le menu, une petite dictée improvisée sur un thème qui l'intéresse. La synthèse vocale est amusante et permet l'auto-correction. C'est ainsi que nous démarrons le week-end dans la bonne humeur générale .

Je pense

Solène raconte sa journée d'école : - Je me suis installée, j'ai fait de la lecture, j'ai travaillé sur les horloges puis c'était la récréation et puis on a fait des calculs et puis on devait s'occuper.
Moi : - Comment as-tu occupé ton temps libre ?
Solène : - Ben, je pense.
J'échange un regard amusé avec Yvan.
Moi : - Ah, tu penses à quoi ?
Réponse immédiate
Solène : - A toi !

lundi 29 avril 2013

Coup de coeur

J'ai été attirée par les affiches aperçues furtivement au volant de ma voiture. J'ai aussi entendu un peu par hasard, un reportage radiophonique sur le spectacle "Pour le meilleur et pour le pire". Dimanche après-midi, j'ai emmené Solène sous le chapiteau du cirque Aïtal. Nous avons quitté les lieux, ravies, joyeuses et impressionnées par les performances acrobatiques des deux artistes en piste. Solène a aimé l'entrée en scène, la vieille voiture rouge ("maman, c'est une vraie voiture ?") conduite par un Schnauzer géant et surtout la scène de l'arrosage qui l'a beaucoup fait rire.  Moi, j'ai aimé adoré les contrastes et l'amour que dégage ce couple, tout en finesse et en sensibilité. Et puis, que dire du final dansé sur "Le vent l'emportera" ? S'ils passent près de chez vous, aller voir ce duo franco-finlandais ! J'ai retrouvé l'ambiance de Zingaro, sans les chevaux, c'est dire à quel point j'ai apprécié.  
A l'école, Solène est invitée à représenter une activité du week-end dans le cahier de vie. Son dessin très ... schématique, est complet : la voiture rouge, les acrobates (en pleine action), les chiens, le bouquet de fleurs, les spectateurs, la caravane aperçue derrière le chapiteau.
 
 

dimanche 28 avril 2013

Technique très personnelle d'habillage

La dyspraxie de Solène est manifeste à l'habillage comme au déshabillage. Solène me donne l'occasion d'en parler parce que nous venons de découvrir sa technique pour attacher le bouton de son pantalon : très simple finalement, il suffit de l'attacher avant de l'enfiler ! Elle développe de plus en plus, de petites stratégies pour être autonome et contourner ses difficultés.
Plus jeune, elle appelait sans cesse à l'aide : elle se perdait dans une robe de nuit en coton, "c'est à l'endroit, maintenant ?" Quel effort aussi, pour enfiler ses chaussettes ! La journée d'un(e) petit(e) dyspraxique commence par des tâches épuisantes.


Comme toutes les mamans concernées par ce type de problème, j'achète des vêtements pratiques, de préférence sans bouton, sans ceinture, des chaussures avec velcros. La situation s'améliore lentement mais sûrement comme dans d'autres domaines, c'est l'essentiel. Montrer ne suffit pas, elle voit mais est incapable de reproduire le geste. Il faut donner les explications oralement, décomposer en étapes, organiser la démarche. Solène commence à utiliser les fermetures-éclair des vêtements alors que cette compétence est acquise par des enfants beaucoup plus jeunes. A titre de comparaison, sa petite cousine attachait son anorak, sans difficulté avant l'âge de 4 ans.

samedi 27 avril 2013

Classes vertes

Solène en a parlé, parlé, parlé, parlé, sans s'arrêter, matin, midi et soir. Ces 3 jours à Burg-Reuland constituaient l'événement de ce début de printemps. Partagée entre l'envie de vivre une nouvelle expérience et la peur de la séparation, nous l'avons rassurée et encouragée. Avec patience, nous avons répondu à ses multiples questions, d'ordre affectif : "Madame va nous lire une histoire avant de dormir ?", "quand tu vas penser à moi ?", "tu ne vas pas mourir ?" ou d'ordre pratique : "que va-t-on manger ? ", "et toi, que vas-tu faire ?", ... Nous avons raconté nos souvenirs de jeunesse, en insistant sur le plaisir de vivre, jour et nuit avec les copains. Solène était entièrement rassurée la veille du départ : "ok, je suis prête pour la classe verte". Nous avons alors préparé méthodiquement la valise, dans un climat serein. Le jour du départ, pendant le trajet, Solène a repris avec beaucoup d'à propos, le slogan du tour opérateur Thomas Cook, entendu à la radio : "que les vacances commencent !". Je l'ai emmenée sur le lieu de séjour le cœur léger, sachant que nous aurions tout de même un petit lien virtuel via le blog de l'école. Chaque soir, nous suivions les mises à jour, minute après minute, impatients de découvrir les nouvelles photos.
C'est avec un immense plaisir que j'ai retrouvé ma petite puce, souriante, d'humeur blagueuse et surtout, prête à repartir. Les rôles se sont inversés le temps des retrouvailles, nous l'avons assaillie de questions pour connaître ses impressions. En toute honnêteté, elle m'a dit qu'elle n'avait pas eu le temps de penser à moi, preuve qu'elle s'est bien amusée et qu'elle a surmonté l'épreuve de la séparation. Je sais que les institutrices ont joué un rôle déterminant pour que chaque enfant, en particulier les plus jeunes se sentent bien.

jeudi 21 mars 2013

KATAstrophe ?

J'ai longtemps refoulé cette envie d'écrire quelques mots après les leçons de karaté pour éviter d'y déverser le sentiment d'amertume que je ressens. Même si je sais que Solène est incomparable, ça me fait un peu mal de voir à quel point, elle est incoordonnée. Je ne peux plus suivre la leçon derrière la vitre et préfère me placer en retrait. C'est mieux. 
Quand je parviens à mettre de côté mon esprit de compétition et mon envie de perfection, je sais très bien que l'activité est bénéfique et thérapeutique à la fois pour le corps et pour l'esprit. Solène aime son sport, elle le pratique avec concentration. Elle a toujours besoin d'être rassurée par rapport à sa prestation. "C'était bien, maman ? J'ai bien fait ?" Je lui renvoie la question. "Et toi, qu'en penses-tu ? Es-tu contente ? Moi, j'ai vu que tu avais donné le meilleur de toi-même, même si parfois, tu confonds la gauche et la droite. C'est pas facile les Katas." Samy, le moniteur trouve toujours les mots justes : "ta force, Solène, c'est que tu n'as peur de rien, tu es volontaire. Tu es forte dans ta tête."
Ici, finalement, on doit chacune affronter nos difficultés et trouver une parade ...

Chapeaux

 
Avant d'aller dormir, j'invite Solène à me raconter l'excursion du jour organisée par l'école, au musée de la vie wallonne. Les chapeaux sont à l'honneur depuis quelques mois grâce à l'exposition "Une vie de chapeaux. Un chapeau pour chaque tête ?". Comment étaient ces chapeaux ? Jolis, colorés, extravagants ? Elle m'a parlé d'un chapeau en fourrure et d'une toque. Elle m'a dit qu'elle était fière de porter le chapeau bleu que le guide avait posé sur sa tête ... et puis, elle s'est souvenue du "melon-chapeau" ! Je reviendrai sur ce sujet prochainement pour lui expliquer que notre village, comme tous ceux de la vallée du Geer était spécialisé dans la fabrication de canotiers "il y a très longtemps" (19e siècle). Nous partirons aussi en promenade, à la recherche des traces de ce passé. 
 
 
 
 

jeudi 14 mars 2013

Le bureau des histoires

Au milieu des livres éparpillés sur le lit, Solène me déclare ce week-end, que c'est très important de lire, tout en feuilletant "Le cirque Mariano" de Peter Spier, un de ses livres préférés.
Les livres gardent une place importante dans notre quotidien. L'histoire du soir, en particulier est un rituel auquel je ne déroge que très rarement, quel que soit mon état de fatigue.
"Tu ne vas quand-même pas continuer à lui lire des histoires jusqu'à ses ... ans ?", ai-je entendu. Je me demande s'il y a une limite d'âge au delà de laquelle, lire une histoire à un enfant est un acte déplacé, dépassé peut-être ? Ce n'est pas une corvée dont je veux me débarrasser, au contraire, c'est un moment privilégié, vécu au ralenti, comme un doux flottement qui apporte apaisement et réconfort avant la nuit. « Et qui a dit qu’à notre époque, on n’avait plus besoin d’histoires ! ». J'emprunte la réflexion au texte de la pièce de théâtre à laquelle nous avons assisté avec Solène, dans le cadre d'Ottokar V, festival de théâtre jeune public et de littéature jeunesse organisé en région liégeoise. Le Bureau des Histoires est la dernière création du Théâtre du Tilleul. Le décor noir et blanc, quelques notes de piano, quatre bons comédiens, de l'humour, des ombres projetées et un sujet qui me tient à coeur : c'était un pur régal, tant pour les enfants que pour les parents. Solène s'est montrée très attentive, hilare dans les comiques de situation. C'est un spectacle que nous recommandons vivement.  

samedi 23 février 2013

Tart___ette

Que va-t-on manger ?
Je croyais que c'était une préoccupation d'adolescent mais je constate que Solène n'est pas indifférente au contenu de son assiette. Elle adore d'ailleurs m'accompagner faire les courses, ainsi est-elle directement au courant des prochains menus. Elle se montre curieuse lorsque j'essaye une recette. Elle s'intéresse surtout aux ingrédients puisque plus tard, elle sera cuisinière !
Que va-t-on manger demain ? Question de ce vendredi, à laquelle j'ai répondu, du tac au tac, "tartiflette", en donnant tout de même quelques détails sur la composition du plat. Solène était ravie : fromage et pommes de terre, un probable régal pour ses papilles !
- "Maman", dit-elle, une ou deux heures plus tard alors qu'elle se projette déjà dans la journée suivante, " tu sais, on fait aussi la tartiflette avec des fraises !"
- "Avec des fraises, c'est une tartelette, ma chérie !"

jeudi 14 février 2013

Les joies de la neige

J'avais de l'admiration pour mes grands-parents, aujourd'hui décédés. Exceptionnellement sportifs alors qu'ils avaient atteint l'âge de la pension, ils nageaient, skiaient, marchaient infatigablement. Trente ans plus tôt, ils m'emmenaient glisser sur les pistes de ski de fond, dans les Fagnes. J'aimerais transmettre ce que j'ai reçu de leur part mais il est impensable de le faire d'une manière abrupte. Solène n'est pas encore prête à monter sur des skis, c'est inutile de prendre des risques. Il existe bien d'autres façons de s'amuser dans la neige, encore bien présente en cette semaine de congés (Carnaval) dans l'est de la province de Liège. Nous avons choisi une grande promenade avec Papy, raquettes aux pieds, sous un large soleil. Solène s'habitude vite à "traîner les pieds". Elle est surtout fière de marcher avec des bâtons qu'elle appelle ses cannes. Je suis admirative de l'endurance de ce petit bout de femme et je note encore à quel point c'est nécessaire pour elle, de bouger. Marcher, c'est le meilleur moyen trouvé jusqu'à présent pour canalyser son énergie.


 

dimanche 10 février 2013

Accès à l'écriture

Je me lance dans la rédaction de cet article avec un peu d'appréhension. Je ne veux pas tomber dans un enthousiasme excessif même si, comme chaque fois, les progrès de Solène nous font plaisir. Il s'agit de l'écriture, le grand défi de cette année scolaire, l'objectif du plan individualisé d'apprentissage (PIA). Je n'ai jamais été très optimiste dans ce domaine, je l'avoue, sans doute influencée par mes lectures sur la dysgraphie. Il était impensable d'imposer des lignes de lettres et des entraînements répétitifs qui n'auraient servi à rien. Nous avions choisi de concentrer nos efforts sur l'apprentissage du clavier pour écrire les dictées, noter les réponses des calculs et recopier les devoirs dans le journal de classe. Écrirait-elle un jour avec un stylo ou un crayon ? La question prenait de moins en moins d'importance dans ma tête, à partir du moment où Solène pouvait écrire sur l'ordi. Malgré tout, ses réflexions m'ont fait comprendre qu'elle n'aimait pas être différente des autres dans la classe. Elle voulait aussi écrire sur ses feuilles et dans ses cahiers, comme N, C et les autres. Quand il y avait suffisamment de place pour des caractères géants,  je l'encourageais à écrire son prénom, en lettres imprimées. Ses premières écritures étaient des chiffres, en miroir, souvent. La logopède de l'école avait conçu des histoires dans le but de verbaliser le tracé de chaque chiffre. La collaboration entre les institutrices et la logopède doit vraiment être soulignée. L'écriture des lettres est travaillée de manière progressive et les résultats obtenus jusqu'ici sont plus qu'encourageants. Je n'ose pas y croire : Solène vient d'écrire 2 dictées dans son cahier, elle parvient même à tracer un huit en "circuit" ! Il y a encore du travail sur la taille des lettres, bien écrire entre les lignes, apporter du soin, il faut simplement lui laisser du temps. J'encourage chaque effort et surtout l'état d'esprit qu'elle manifeste depuis le début. 
Voici une grande déclaration de Solène à sa grande sœur. Le recopiage au stylo est parfait. 

D'autres exemples provenant du journal de classe illustrent cette progression continuelle.


dimanche 20 janvier 2013

Crocus

Au programme ce matin, avant d'aller jouer dans la neige fraîche, quelques calculs, un peu de lecture et une poésie à mémoriser. J'ai préparé la lecture en copiant quelques phrases tirées du livre "Bien lire et aimer lire" de Clotilde Silvestre de Sacy, ainsi, je peux agrandir ou élargir l'écriture, entourer les sons et signaler les lettres muettes. Solène devait notamment lire "Chantal plante des crocus". Comme je m'y attendais, le crocus pose problème ... Après plusieurs tentatives, je masque la première syllabe pour l'aider à prononcer la seconde dans laquelle elle introduisait un "r" imaginaire. Au moment où "crocus" sort de sa bouche, je la félicite puis elle ajoute, pour justifier ses erreurs, "tu sais, c'est parce que je ne m'y connais pas en plantes". Ca voulait dire : "désolée mais je n'ai pas réussi à deviner !". On adore (pour le moment) cette imagination sans borne pour trouver des excuses.

jeudi 10 janvier 2013

Je n'ai plus peur

"Je n'ai plus peur de rien !" C'est Solène elle-même qui l'a déclaré à son papa. Nous ne relevons plus systématiquement chaque évolution dans le domaine des "peurs". C'est un signe ! Les derniers exemples montrent qu'elle gère de mieux en mieux sa sensibilité auditive. Solène a assisté à la représentation de l'European Circus avec sa classe en décembre dernier sans même m'évoquer la présence de l'orchestre et du micro. Lors du stage de karaté, elle supportait vaillamment le volume de "Gangnam style" pendant l'échauffement collectif.
Je me souviens avoir lu "Chagrin d'école" de D. Pennac. J'ai retenu ceci : la plupart (des mères) se font de l'avenir une représentation qui est une projection du présent sur la toile obsédante du futur. Le futur comme un mur où seraient projetées les images démesurément agrandies d'un présent sans espoir... Je me retrouve, à travers ses mots. J'étais prête à remuer ciel et terre pour que Solène ne panique pas au moindre bruit inattendu, c'était si difficile à vivre, pour elle, pour nous aussi. Sur ce plan, nous n'avons rien précipité, au contraire, nous avons attendu patiemment qu'elle grandisse et qu'elle progresse dans sa scolarité.

dimanche 6 janvier 2013

Le petit chaperon rouge

Il y a plus de trois ans, lorsque le médecin a évoqué dysphasie, je me suis informée et j'ai souvent voulu écouter parler des enfants dysphasiques pour reconnaître Solène, dans les expressions, les hésitations, les intonations, la prononciation ...

Voici en retour, le petit Chaperon Rouge, raconté par Solène, 7 ans et demi.

 
 
C'est intéressant de noter que Solène n'aime pas s'entendre sur cette vidéo. Elle trouve qu'elle parle "bizarrement". Effectivement, dans l'exercice de narration, elle cherche à construire des phrases avec le vocabulaire et les formes conjuguées (passé simple ;-)) qu'elle a retenus, ce qui complique les choses. Son langage spontané est plus fluide.

Shinshokai

"La force par le handicap". L'expression appartient au fondateur du club de karaté et figure en bonne place sur le diplôme de grade obtenu par Solène au terme de son premier stage. "La force par le handicap", elle nous en fait la démonstration au quotidien ou presque, à la maison, à l'école, à la piscine et aujourd'hui, au dojo. Avec son groupe d'abord, Solène exécute les coups de poings et coups de pieds, du mieux qu'elle peut. Elle est concentration. Seule ensuite, dans un petit parcours "karaté-équilibre", elle montre qu'elle est volonté et détermination.


L'inscrire au karaté, l'idée était un peu folle. Fallait-il encore la confronter à ses difficultés de concentration, d'équilibre, de souplesse, de réalisation de mouvements complexes ? N'allait-on pas dilapider le capital confiance accumulé au fil des derniers mois ?

Nous avons osé franchir le pas, pousser la porte du club qui m'avait été recommandé et là, quelques jours plus tard, nous éprouvons le sentiment d'une découverte un peu extraordinaire d'un sport qui nous est inconnu mais qui peut aider Solène dans son cheminement. Nous la sentons motivée, prête à se battre contre ... elle-même, d'abord. L'histoire avec le karaté ne fait que commencer.

Shinshokai.

mardi 1 janvier 2013

Parlotte

Perraud E., Desbons M., Bilboquet
Le titre du livre m'a interpellée, autant que les petits gâteaux de la couverture. Mon intuition s'est confirmée en feuilletant les pages du livre. Je sais que Solène se reconnaîtra dans le personnage de Parlotte. Cette petite dame jacasse, elle est excessivement bavarde comme l'attestent les "bla bla bla ..." en filigrane. Parlotte ne peut s'empêcher d'inventer des histoires invraisemblables et ça finit toujours par lui attirer des ennuis. L'histoire se termine bien : raconter des histoires devient son métier. 

En offrant ce livre à Solène, au delà du plaisir des yeux et des mots, j'ai envie de lui dire, "toi aussi, tu trouveras ta voie !".