jeudi 15 septembre 2011

Ecrire ? Oui, sur l'ordi !

Les productions graphiques de Solène sont faibles et très limitées. Depuis toujours, elle s'est désintéressée des crayons, feutres, pinceaux et autres marqueurs. Elle colorie de manière superficielle, jamais plus de 2 ou 3 minutes. Solène parvient à "dessiner" vaguement son prénom sur une page A4 en mode paysage, en mixant de grandes lettres imprimées et script : S ressemble à une barre oblique, le o est plus ou moins rond, une barre droite pour le l, chaque E est écrit en râteau avec parfois 4 dents, un N avec la barre oblique orientée dans le mauvais sens ... Les doigts, le poignet, le buste sont crispés. La main droite n'est pas toujours posée, la main gauche semble inutile. Quel inconfort, d'autant plus que les activités graphiques nécessitent beaucoup d'attention. Solène vit mal ses échecs répétés. Je n'ai jamais trouvé le moyen d'inverser la tendance. J'ai souvent été confrontée à un refus catégorique même si de temps en temps, nous avons peint ensemble quelques tableaux, colorié les alphas, ...

Comme l'affirme M. Mazeau, l'écriture est un obstacle qui survient tôt, dès la maternelle. Il est rencontré par tous les dyspraxiques : il n'y a pas de dyspraxie sans dysgraphie*. Sans pour autant abandonner les exercices d'écriture (je soutiens sa main pour le moment), elle recommande d'éviter un entraînement intensif qui fatigue l'enfant excessivement et ne permet pas d'atteindre le niveau requis en fonction de l'âge. Il faut rapidement se tourner vers les TICE (technologies de l'information et de la communication pour l'enseignement). L'apprentissage du clavier est une priorité dès 5 ou 6 ans. Pour que l'enfant devienne efficace, il faut même masquer les lettres du clavier avec des gommettes de couleur.

Mes lectures, contacts et groupes de discussions m'ont appris que l'enfant dyspraxique a besoin de supports adaptés pour ses travaux en classe et à la maison : feuilles à agrandir, colorier, surligner, numériser ... J'ai découvert très récemment un exerciseur (JClic) qui permet de créer des petites application de type puzzle, associations, textes à compléter, mots barrés, mots croisés, etc. Ce programme libre (gratuit) est intéressant parce qu'il offre à la fois une plateforme d'exécution (JCLic player) et de conception (JClic author) permettant de choisir les activités, d'en personnaliser le contenu et de les organiser par projet. J'ai par exemple utilisé les photos des membres de la famille pour travailler les classements. J'ai créé une association entre les alphas et des images clipart pour la reconnaissance des sons. Les devoirs qui me paraîssent visuellement complexes (ex. situer le nombre "3" sur une flèche orientée à gauche ou à droite, graduée, comprenant un seul repère numérique) pourront être simplifiés par ce biais.

Je suis motivée pour deux raisons. Je vois que Solène prend goût à mes petits jeux, récompenses après un exercice de frappe au clavier (non masqué pour le moment). Je constate qu'elle maîtrise bien la souris. Nous essayons parfois des petits concours de vitesse, les exercices sont chronométrés. L'autre raison, c'est que je m'amuse beaucoup à chercher de nouvelles idées et à les concrétiser dans le logiciel.

(*) L'enfant dyspraxique et les apprentissages, M. Mazeau, C. Le Lostec, p45

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